A LA RÉCEPTION ORGANISEE EN SON HONNEUR PAR
L’AMBASSADE DE CHINE EN BELGIQUE
Mesdames et Messieurs,
Chers
Amis,
A l’avènement d’un
nouveau printemps du 21e siècle, la
Délégation chinoise de l’Assemblée
populaire de la Région autonome du Tibet est venue, sur
invitation, rendre visite au Parlement européen et au
Royaume de Belgique.
Nous attachons une haute
importance à cette visite. Les divers pays
européens, dotés de brillantes cultures et de
longues histoires, constituent un berceau des civilisations
modernes. Certes, l’Europe a vécu la domination
religieuse ténébreuse du Moyen Âge. Mais,
elle a opéré par la suite une série de
transformations sociales, telles que la Renaissance, la
Réforme de Martin Luther, la Révolution
industrielle anglaise et la Révolution française,
qui ont exercé une influence considérable sur le
monde entier et contribué à promouvoir le
progrès de l’ensemble des civilisations humaines.
Au cours du 20e siècle, l’Europe a connu la
tragédie historique des deux guerres mondiales. Mais,
elle a aussi accompli, en matière de
rétablissement et de maintien de la paix mondiale comme
dans l’intensification de la coopération
régionale et la mise en œuvre de
l’intégration économique, des
réalisations grandioses qui ont polarisé
l’attention internationale et forcé
l’admiration
générale.
Aujourd’hui, la
distance séparant le Tibet du reste du monde se trouve
sensiblement réduite grâce à des moyens de
transport et de télécommunications rapides et
sophistiqués. Deux jours plus tôt, mes
collaborateurs et moi, nous étions encore au Tibet,
tandis qu’aujourd’hui, nous vous rencontrons
dans la belle ville de Bruxelles. Maintenant, le grand
honneur nous échoit de vous faire un exposé sur le
passé du Tibet et sur son présent en pleine
mutation.
Le Tibet, ma région natale, se
situe au faîte du monde et porte un nom imagé :
« ancêtre de mille monts et source de dix mille
cours d’eau ». Avec une altitude moyenne de plus
de 4 000 mètres et une superficie de plus de 1,2
millions de kilomètres carrés, il compte quelque
2,62 millions d’habitants, dont 95% sont
Tibétains. Né au Tibet, je vis et travaille
toujours là. J’ai un amour profond pour ma terre
natale et mon ethnie.
Avant le milieu du
siècle dernier, le Tibet restait toujours une
société de servage féodal sous un régime
théocratique. J’ai passé 21 ans sous ce
régime et subi moi-même les souffrances
infligées aux masses populaires.
Dans la
vieille société au Tibet, les gens étaient
hiérarchisés en 3 classes, subdivisées en 9
échelons. Les trois catégories de seigneurs (les
nobles, les moines de condition supérieure et les
dignitaires des autorités gouvernementales), soit moins
de 5% de la population du Tibet, possédaient la
totalité des terres, prairies, forêts, montagnes
et rivières ainsi que le gros du cheptel, tandis que
les serfs et esclaves, qui représentaient plus de 95%
de la population de cette même région,
étaient dépourvus de terres comme d’autres
moyens de production, privés de liberté même
corporelle, plongés dans l’abîme de la pire
misère, aspirant jour et nuit à être
traités au plus tôt en êtres
humains.
Certains tibétologues et
journalistes européens ont relaté nombre de faits
sur la situation au Tibet de l’époque. Dans son
livre La civilisation tibétaine, M. R. A. Stein, un
tibétologue français, écrivait : « Les
caractéristiques du régime et de la mentalité
dans la société du Tibet ressemblent à bien
des égards à celles de l’Europe au Moyen
Âge ». Et dans son ouvrage The Unveiling of Lhasa,
M. Edmund Candler, un correspondant britannique, disait :
« Le régime féodal est appliqué dans
cette région, où les lamas se conduisent en
maîtres absolus, avec comme leurs esclaves les paysans
».
En 1959, on a procédé à
des réformes démocratiques, aboli le régime
théocratique de servage féodal et affranchi les
serfs, soit un million d’hommes et de femmes. Depuis,
des changements fondamentaux se sont produits également
dans ma vie. C’est ainsi que j’ai pu aller
à l’école et devenir un citoyen travaillant
au service de l’Etat.
Entre la Chine et
les pays européens, il existe beaucoup de
différences pour ce qui est de leurs systèmes
sociaux, valeurs, contextes historiques et traditions
culturelles. L’Europe a conçu sa notion des
droits de l’homme en conformité avec ses
traditions et ses réalités. Or, s’agissant
du Tibet, nous avons dû réaliser les droits de
l’homme, en passant d’abord par
l’abolition du régime théocratique de
servage féodal, comme l’avait fait l’Europe
elle-même. Il nous était absolument impossible de
protéger les droits de l’homme, tant que se
perpétuait un tel régime.
Le Tibet a
une longue histoire. Nos ancêtres, déployant toute
leur ingéniosité et toute leur sagesse, y ont
créé une civilisation traditionnelle splendide.
Mais dans les temps modernes, face à un monde en plein
essor, le Tibet a pris du retard. Le processus de
modernisation du Tibet s’est déclenché en
1951. Au cours des 5 dernières décennies, le Tibet
a enregistré d’énormes succès dans son
œuvre de modernisation, grâce aux efforts
inlassables de sa population multiethnique.
En
2001, le taux de croissance du PIB de cette région
autonome a dépassé la moyenne nationale pour
atteindre 12,2%, avec un volume 35,5 fois supérieur
à celui de 1951. La population du Tibet, un million
d’habitants dans les années 50, s’est
élevée à 2,62 millions en 2001.
L’espérance de vie a progressé sensiblement,
en passant de 35,5 à 67 ans. Parallèlement, le
taux de mortalité infantile, 43% en 1950, est descendu
à 3,1% en 2001. Dans l’ancienne société
tibétaine, 95% des jeunes étaient
analphabètes, le taux de scolarisation des enfants
étant inférieur à 2%. Aujourd’hui, le
taux d’analphabétisme chez les jeunes est
au-dessous de 30%, tandis que 87,3% des enfants vont à
l’école primaire.
Jadis, le Tibet
n’avait même pas une usine moderne au vrai sens
du mot. Aujourd’hui, il dispose d’un premier
tissu industriel moderne et aux couleurs régionales,
qui regroupe une vingtaine de secteurs, comme énergie,
industrie légère, textile, construction
mécanique, fabrication pharmaceutique, imprimerie et
agro-alimentaire. Sans un seul kilomètre de route en
1950, le Tibet en compte actuellement 35 000
kilomètres, chiffre provenant des statistiques de 2001.
Auparavant, il n’avait pour moyens de liaison et de
transport que des relais de poste, alors
qu’aujourd’hui, il dispose de tout un
réseau moderne de transport et de communication,
constitué principalement de routes, de lignes
aériennes et d’un oléoduc, avec le chemin de
fer Qinghai-Tibet en pleine construction sur cette
région qui est la plus haute du monde. Quant aux
télécommunications, les anciens facteurs des
relais de poste ont cédé la place à
l’actuel système de télécommunications
de technologie performante (fibre optique, liaison par
satellite, numérique, mobile, autocommutateur…).
L’utilisation du téléphone portable est plus
répandue à Lhasa que dans n’importe quelle
autre moyenne ou grande ville de Chine. Et l’internet
s’est établi sur le haut plateau
tibétain.
De nos jours, la vie des
citadins tibétains se situe d’ores et
déjà au niveau moyen du pays. Les paysans et les
éleveurs sont pratiquement sortis de la pauvreté.
Le gouvernement central, qui les a exonérés de
tout impôt, a affecté des fonds à la
réalisation de projets d’infrastructure, telles
que des installations hydrauliques et des clôtures de
pâturage, afin d’améliorer sans cesse leurs
conditions de travail. Depuis le début des années
80 est toujours appliquée, vis-à-vis d’eux,
la politique suivante : « Libre exploitation des terres
mises durablement à la disposition des familles »
et « Droits de propriété privée,
d’élevage et d’exploitation autonomes des
bestiaux durablement attribués aux familles ». Au
fur et à mesure que les Tibétains
s’enrichissent, beaucoup de produits de consommation
moderne, comme le téléviseur et le
téléphone, entrent dans les familles ordinaires.
Ce n’est plus une nouvelle, si un éleveur, en
selle sur sa moto, paît ses troupeaux. Et de plus en
plus de familles s’achètent des voitures et
tracteurs comme moyens de transport
nécessaires.
Les immenses changements
historiques au Tibet, je les ai vus de mes propres yeux et
je les ai vécus personnellement. Certes, il existe
encore un grand écart entre nous et des régions
développées. Mais, nous avons réalisé
réellement un bond historique au Tibet par rapport
à son passé.
Je mesure bien la somme
de l’effort fourni pour obtenir de tels résultats
au Tibet. Fils de l’ethnie tibétaine, j’ai
un amour profond pour ma région natale, mes
compatriotes, mon ethnie et ma patrie. En tant que
président du Comité permanent de
l’Assemblée populaire de la Région autonome
du Tibet, organe suprême du pouvoir régional, je
dois assumer les responsabilités du développement
économique et social de la Région autonome et
tenir compte des intérêts des 2,62 millions de
Tibétains. J’entends travailler toute la vie
durant pour la population
tibétaine.
S’agissant du
développement et des changements dans la Région,
tous les habitants du Tibet, d’une ethnie ou
d’une autre, reconnaissent cette réalité
essentielle : Le gouvernement central a accordé une
très grande attention au Tibet, et les ethnies
sœurs à travers la Chine ont apporté une aide
et une assistance substantielles à leurs compatriotes
tibétains. La sollicitude et la solidarité ainsi
exprimées s’expliquent par un fait historique,
à savoir que le Tibet fait partie intégrante de la
Chine. Elles constituent une illustration tangible des
rapports entre les diverses ethnies de la nation chinoise,
fondés sur les principes de l’égalité,
de l’union et de l’entraide.
Le
Tibet appartient à la Chine depuis
l’antiquité. La « Stèle de
l’Alliance Tang-Tubo », érigée il y a 1
200 ans, se dresse toujours sur l’esplanade du
monastère de Jokhang, à Lhasa. Au milieu du 13e
siècle, le gouvernement central de Chine fit du Tibet
une province chinoise. Il procéda à un recensement
de la population locale et établit par la suite 13
« communes de dix mille foyers » (wanhufu) ; par
la suite, s’y est instauré un système uni de
pouvoirs théocratiques. Depuis lors, le gouvernement
central chinois a ses organes administratifs au Tibet,
où il nomme ou décharge de leurs fonctions les
fonctionnaires locaux et assure l’administration des
affaires importantes. Les titres de Dalaï-Lama et de
Bainqen Erdeni ainsi que les sceaux officiels
représentant leurs pouvoirs sont conférés par
le gouvernement central chinois. Le Dalaï-Lama
actuellement en exil à l’étranger est
né dans la province chinoise du Qinghai. Il a
été désigné et intronisé avec
l’approbation du gouvernement central de Chine. Bref,
le gouvernement central chinois, tout au long des
différentes époques, a exercé, d’une
manière efficace, sa souveraineté sur le Tibet.
L’Accord entre le Gouvernement populaire central et le
Gouvernement local du Tibet sur la libération pacifique
du Tibet, signé en 1951, témoigne donc de la
continuité de
l’histoire.
Jusqu’à la fin du
19e siècle, le mot « indépendance »
n’existait pas dans le vocabulaire tibétain. Ce
n’est qu’après l’invasion de Lhasa
par le Royaume-Uni au début du 20e siècle que
certains agresseurs au sein du gouvernement britannique en
Inde ont commencé à clamer «
l’indépendance du Tibet » et à fomenter
des activités dans ce sens. La population
tibétaine s’y est fermement opposée. Au
moment où une guerre civile d’envergure
s’est déclarée en Chine, le 13e
Dalaï-Lama est demeuré fidèle à sa
politique consistant à « ne pas trahir le
gouvernement central au profit des étrangers ».
Aucun pays du monde n’a reconnu la soi-disant «
indépendance du Tibet ».
Le Tibet
fait partie intégrante de la Chine. Cela
s’inscrit dans la logique du cours de
l’histoire. Il s’agit là aussi d’un
choix de la population tibétaine, d’une
réalité reconnue par toute la communauté
internationale. En 1904, en donnant des instructions, Lord
Lansdowne, ministre britannique des Affaires
étrangères de l’époque, affirmait :
“Le Tibet est une province de l’Empire de
Chine”. En 1954, dans un discours prononcé devant
le Lok Sabha (Chambre basse du Parlement indien), Jawaharlal
Nehru, premier ministre indien d’alors, disait :
“Moi, je ne sais pas si, au cours des siècles
passés, il y a jamais eu un quelconque pays
étranger qui aurait nié la souveraineté
chinoise sur le Tibet.”
La Chine, ma
patrie, est une grande famille formée de 56 ethnies. Le
système d’autonomie des régions des
minorités ethniques est un système politique
fondamental de la Chine. À part les pouvoirs locaux
qu’elle exerce au même titre que les autres
espaces territoriaux, une collectivité autonome du
genre jouit encore du droit de gérer les affaires
intérieures de sa région et de son ethnie.
Concrètement parlant, la région autonome du Tibet
a le droit de :
1. élaborer des
règlements d’autonomie et des règlements
spécifiques en fonction de ses réalités
politique, économique et culturelle ;
2.
adopter des politiques spéciales et des mesures souples
dans le respect de la Constitution et des autres lois
chinoises ;
3. demander l’autorisation
d’appliquer les résolutions, décisions,
ordres et directives des organes supérieurs de
l’Etat en y apportant des modifications ou
l’autorisation de cesser de les appliquer,
lorsqu’ils ne correspondent pas à la situation
réelle du Tibet ;
4. gérer librement
ses affaires financières, économiques, culturelles
et éducationnelles.
Conformément
à la Constitution chinoise et à la Loi sur
l’autonomie régionale des minorités
ethniques, les fonctions de Président du Comité
permanent de l’Assemblée populaire régionale
et celles de Président de la Région autonome ont
toujours été assumées par des citoyens
chinois d’ethnie tibétaine. Et près de 80%
des fonctionnaires d’Etat au Tibet sont d’ethnie
tibétaine ou d’autres ethnies locales. Depuis
1965, l’Assemblée populaire de la Région
autonome du Tibet et son Comité permanent ont
édicté et adopté plus de 200 règlements,
décisions et résolutions concernant la Région
et qui touchent notamment aux domaines politique,
économique, culturel et éducationnel.
La Chine assure dans sa politique la
liberté de croyance religieuse. À présent, il
existe dans cette région plus de 1 700 lieux de culte
pour les diverses religions et environ 46 000 bonzes et
bonzesses vivant aux monastères, soit 2% de la
population régionale. L’Etat protège selon
la loi les droits et intérêts légitimes ainsi
que les pratiques religieuses régulières des
croyants, comme étude, discussion et explication des
soutras, aspersion d’eau bénite sur la tête
des fidèles, acceptation des préceptes et
commandements bouddhiques, communication des points
essentiels du Dharma de l’Ecole ésotérique,
recueillement et initiation aux rites, récitation des
canons bouddhiques, délivrance de l’âme du
défunt et prières pour le bonheur et la
bénédiction accordées par des bouddhas
vivants. Partout au Tibet, le visiteur peut voir des
bannières hissées par des adeptes et des
monticules de mani aux soutras gravés, côtoyer
même des fidèles qui se prosternent front au sol
ou tournent des moulins à prières en signe
d’hommage et de respect envers les
bouddhas.
Le patrimoine culturel tibétain
est conservé, protégé et mis en valeur dans
un esprit scientifique. La langue tibétaine est
privilégiée dans la Région autonome du Tibet.
L’apprentissage de la langue tibétaine est un
cours principal et obligatoire dans toutes les classes et
les écoles au Tibet. Il est demandé aux
lycéens d’avoir, à la fin de leurs
études secondaires, la capacité acquise de lire et
d’écrire aisément en tibétain. Et lors
d’une réunion annuelle, l’Organisation
internationale de Normalisation (ISO) a adopté le
tableau des signes d’écriture tibétaine
normalisés en informatique (Information
technology-Tibetan coded character set) conçu par nous,
au Tibet, de sorte que la langue tibétaine est
désormais entrée dans les médias
informatiques.
Exploiter et utiliser
rationnellement les ressources naturelles tout en
protégeant l’environnement écologique,
voilà une politique fondamentale de la Chine. À
présent, la Région autonome du Tibet compte, dans
le cadre de la protection de l’environnement, 3 parcs
nationaux et 15 sites régionaux, qui occupent un tiers
de la superficie totale de la Région. Cette année,
le Tibet s’est mis à réaliser un très
vaste projet de protection de l’environnement
écologique, jamais entrepris dans son histoire. Avant
le milieu de ce siècle, plus de 20 milliards de yuans
seront en effet investis pour renforcer, sur tous les plans,
l’aménagement des prairies existantes et des
réserves forestières, de même que pour mieux
protéger la faune et la flore.
Mesdames et
Messieurs,
Dans l’histoire plusieurs fois
millénaire, la population multiethnique du Tibet,
travailleuse, courageuse et pleine de sagesse, a
apporté, à la genèse et à
l’épanouissement de la nation chinoise de
même qu’au progrès des civilisations
humaines, une contribution dont elle peut être
fière. Au cours du dernier demi-siècle, le Tibet a
connu d’immenses transformations. Cependant, le Tibet
se trouve confronté encore à de multiples
difficultés dans la voie d’une modernisation
totale. Nous avons la certitude que grâce à ses
efforts inlassables, la population tibétaine saura
contribuer davantage à l’œuvre grandiose du
renouveau de la nation chinoise et au progrès des
civilisations de
l’humanité.
Mesdames et
Messieurs,
Aujourd’hui, nous avons fait
connaissance les uns avec les autres, et nous sommes devenus
amis. Ceci dit, Chers Amis, vous êtes les bienvenus au
Tibet pour le voir de vos propres yeux, le parcourir et le
visiter vous-mêmes. Je vous accueillerai à bras
ouverts. Le majestueux Toit du monde vous laissera
sûrement un beau souvenir. Je souhaite que notre
amitié soit pure et sacrée comme la neige de
l’Himalaya, longue et durable comme le fleuve Yarlung
Zangbo aux eaux limpides.
Enfin, je forme pour
vous tous, Chers Amis, des vœux de bonheur et de bien-être.